De l’expé aux CEPP

Séparation conseil et vente oblige, Néolis, négoce basé au sud de Poitiers, a dû nommer un référent CEPP (certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques). Et c’est Aude Liessi Fortin, responsable technique et TC, qui s’est vu offrir le rôle. Ce choix ne coulait pas de source : beaucoup d’entreprises ont choisi de nommer des responsables qualité, étant donné qu’il s’agit d’une exigence réglementaire. « Lors des réunions du réseau Naca, qui nous épaule énormément sur le sujet, beaucoup des autres négoces sont représentés par le responsable qualité », illustre la TC. Alors pourquoi cette décision ? « Ce que l’on nous demande avec les CEPP, on nous l’aurait demandé demain. L’idée, c’est d’aller plus loin et de réfléchir à une gamme qui soit en adéquation avec les besoins des agriculteurs et qui réponde aux CEPP. » Et en déroulant son parcours, elle a le profil idéal.

Aude Liessi Fortin a rejoint le négoce en 2015, initialement comme TC, avec une partie mise en place d’essais qui n’existait pas encore chez Néolis. Un poste qui a évolué : « Je m’occupe toujours de la partie technique, mais aussi des enjeux réglementaires et sociétaux. Je travaille avec l’Agence de l’eau sur les MAE, ou encore avec les instituts techniques, la Fredon, les coopératives du secteur et l’ARS sur la lutte contre l’ambroisie », illustre la conseillère, qui retransmet ensuite l’information aux équipes. Un rôle de courroie de transmission sur ces dossiers transversaux qui lui plaît. « On a l’impression de faire avancer les choses. » En parallèle, elle a gardé le suivi technique d’une vingtaine de producteurs. « Cela permet de se recentrer. La base du métier, c’est d’apporter une solution adéquate aux agriculteurs. Ils ont besoin de vivre de leur travail. » Enfin, à titre personnel, elle s’implique dans la gestion de l’exploitation familiale en Gironde.

Avant de devenir ce couteau suisse technique chez Néolis, Aude Liessi Fortin a travaillé dans l’expérimentation. Après le bac, elle se lance dans un BTS en arboriculture. « J’ai fait mon stage sur une grosse exploitation avec beaucoup d’expé, cela m’a donné envie de me spécialiser dans ce domaine. » Elle enchaîne avec des postes à l’ITB puis chez Arvalis, dans différents coins de France. En 2014, elle suit son conjoint en Poitou-Charentes. Après un bref passage à la chambre d’agriculture – « le poste manquait d’ouverture » –, Aude Liessi Fortin arrive chez Néolis. « Je me suis rendu compte que j’avais bien plus un esprit négoce que coopérative. D’ailleurs, le vin du domaine familial est vendu à un négoce. » Sur les CEPP, l’aspect administratif ne lui fait pas peur. « Je suis bien épaulée par mes collègues à la qualité et à l’administration des ventes. Ma formation en expérimentation m’aide, et une certaine inclinaison de caractère, je pense. Comme le disait un collègue, “si on n’est pas un peu tatasse (ndlr, tatillon), on ne fait pas de l’expé !” », sourit Aude Liessi Fortin. Elle participe aussi à la création de fiches actions. Là aussi, son parcours est un atout, en particulier quand il faut agréger les résultats d’expérimentation.

Marion Coisne